Hugh Cuming
Contemporain de la reine Pomaré, amateur éclairé et passionné des coquillages,
l'Anglais Hugh Cuming fit trois voyages dans le Pacifique où il collecta un matériel considérable et plusieurs
dizaines d'espèces nouvelles pour la science. Seul, le premier voyage en
1827-1828 se situe en Polynésie, alors qu'il se rend pour les deux autres sur
la côte Pacifique de l'Amérique du Sud et dans les Philippines. Il avait fait
fortune au Chili comme fabricant de
voiles, se fit construire un yacht, le Discoverer, avec lequel, de 1827 à 1831,
il sillonna de long en large la Polynésie et les côtes occidentales d’Amérique centrale et d'Amérique du sud.
A son retour à Londres, les plus éminents spécialistes d'Europe se disputaient l'honneur d'examiner ses trouvailles.
Cuming avait fait la connaissance de
G.B, Sowerby qui présentait ses trouvailles conchyliologiques en les décrivant à
la Société zoologique de Londres dans les notes intitulées « Mollusca and
Conchifera collected by Hugh Cuming ». Sur 247 espèces nouvelles, et ainsi
décrites, plusieurs proviennent de Polynésie française comme Columbella
versicolor, Sowerby ( 1832), récoltée dans le lagon d'Anaa. En 1842,
paraissait le premier des cinq volumes du « Thesaurus Conchyliorum » de G.B.
Sowerby et qui repose en très grande partie sur la collection Cuming ; là
encore, on trouve la description de plusieurs espèces nouvelles, comme Cerithium
salebrosum, Sowerby, 1855, récoltée par Cuming à Marutea du Sud. De même,
la monographie du « Conchologia Iconica » de
L. Reeve, dont le
premier volume est publié en 1843, utilise largement la collection Cuming qui
est au British Muséum depuis 1866. Cette collection qui comportait environ 19
000 espèces a considérablement favorisé la réalisation des deux monographies
précédentes tout en permettant une bien meilleure connaissance de la faune
malacologique de la Polynésie française par l'abondance des matériaux récoltés
en particulier dans les atolls d'Anaa et de Marutea du Sud.
Le Muséum de Paris possède quelques échantillons de Cuming grâce à un don reçu en 1833 de Cuming et
Sowerby ; parmi cette petite collection groupant des spécimens de Panama, du
Pérou et des Galapagos principalement se trouvent par exemple Cardium
dionaeum (Sowerby, 1829) en provenance du lagon d'Anaa. A. Garrett est un
autre récolteur du milieu du XIXe siècle qui collecta beaucoup de matériel en
Polynésie française et aux Fidji. La plupart de ses espèces nouvelles ont été
décrites par W. H.
Pease dans le « American Journal of Conchology » comme Homalopoma
maculosum décrite en 1868 sous le nom générique d'Euchelus.
En quelques années, 2 000 espèces nouvelles découvertes par Cumming furent décrites par Sowerby, Reeve,
Pfeiffer, Deshayes,
P.P. Carpenter,
Henry Adams, Dunker, Pease et Philippi, pour ne citer que les plus célèbres. La
plus importante des expéditions de Cumming eut lieu de 1836 à 1840, aux
Philippines. Il en rapporta une véritable moisson: 3 000 espèces de
coquillages, 3 400 plantes différentes, 1 200 oiseaux, dont il se mit à faire
le commerce. La collection qu'il a laissée se trouve au British Museum.
Le plus grand collectionneur du XXe siècle, doublé d'un remarquable malacologue,
était Philippe Dautzenberg (ci-contre), un Belge né en 1849. Héritier
d'une fortune constituée grâce à une fabrique industrielle de tapis, il passa
la première partie de sa vie à sillonner les eaux européennes pour réunir sa
collection, en même temps qu'il achetait dans les ventes des spécimens rares
et des collections anciennes. A l’âge de 65 ans, il avait en sa possession 30
000 espèces et une bibliothèque remarquable. Par bonheur, sa collection, bien
documentée et comprenant des pièces rares comme le Conus gloriamaris et
la Cypraea valentia, a été conservée intacte à l’Institut royal des
Sciences Naturelles de Bruxelles.
Textes tirés d’après :
«Kingdom of the seashell par R. Tucker Abbott.
«coquillages de Polynésie» par B. Salvat et C. Rives.
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