Sans aucun doute, les hommes primitifs distinguaient les groupes de familles et les tribus auxquelles ils appartenaient au moyen d'un élément commun, couleur
du vêtement, ornement quelconque ou emblème porté sur la tête ou sur le corps. Au milieu des batailles, c'était une nécessité d'identifier facilement amis et
ennemis. Les religions, même de nos jours, se signalent par les vêtements ou les couvre-chefs spéciaux de leurs adeptes. En Europe, la pratique des blasons,
ou héraldique, connut une floraison soudaine au milieu du XIIe siècle.
L'engouement pour les armoiries d'une noblesse qui ne songeait qu'à la guerre s'explique
par la nécessité de reconnaître les chevaliers, difficiles à identifier sous leurs armures et leurs boucliers. C'était en même temps une époque romanesque où les
parentés royales et l'esprit de caste de la noblesse commençaient à s'affirmer.
Enfin, l’homme du Moyen Age avait un faible pour les symboles mystérieux.
Parmi les milliers d'armoiries inventées et modifiées au cours des générations, il n'y en a qu'un petit nombre où figure le « meuble » (le motif) de la coquille,
pas plus de 4 ou 5 %. Lions, licornes, épées et tours étaient beaucoup plus à l'ordre du jour.
Dans ces blasons, les Buccins étaient encore plus rares que les coquilles. La Coquille Saint-Jacques, peut-être déjà
utilisée en décoration ou associée à certaines familles semble devenir plus courante après les Croisades du XIIIe siècle.
Les plus anciennes armoiries figurant sur le registre officiel du College of Arms anglais de 1280 comportent un écu d'azur avec
lion rampant sur champ de coquilles d'or. L'artiste médiéval a un tel souci de styliser son modèle que, la plupart du temps, la coquille prend la forme de
quelques nervures arrondies surmontées d'un sommet étiré et évasé. Les chevaliers revenant de la Croisade portaient pour la plupart l'emblème traditionnel,
une valve creuse de Coquille Saint-Jacques, Pecten maximus.
Ils avaient le plus souvent la coquille suspendue à leur cou ou attachée aux harnais
de leur cheval. Pour cette raison, deux trous étaient percés à sa charnière. Dans les figures héraldiques, ces deux « yeux » sont représentés, attestant
que le chevalier est parti à la recherche du Saint Graal, la coupe dont le Christ se servit pendant la Sainte Cène.
Les noms de famille sont souvent très antérieurs à l'apparition des emblèmes héraldiques et des armoiries et, si la Coquille figure dans les blasons de
certaines familles, c'est probablement pour faire un jeu de mots ou un rébus.
On trouve par exemple la Coquille et le Buccin sur les cimiers de deux familles Shelley (Shell = coquille en anglais). De même, Robert de Scales (nom à rapprocher de l'anglo-saxon skal et du hollandais schelp
signifiant coquille ), un chevalier connu au XIVe siècle, et qui portait un écu de gueules à six coquilles d'argent.
Et pour prendre un exemple plus récent, nous citerons Winston Churchill, dont les armes portaient six coquilles d'argent.
Textes tirés d’après :
«Kingdom of the seashell par R. Tucker Abbott.
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