Les premiers voyageurs qui prirent la mer pour chercher des coquillages furent les Phéniciens : ils
s'aventurèrent jusqu'aux îles Britanniques et firent le tour de l'Afrique à la recherche de nouveaux bancs de Murex
producteurs de pourpre. D'autres grands voyages ont eu pour but les perles et les Porcelaines-monnaies.
Au XVIIe siècle et au début du XVIIIe, avant la dixième édition du Systema
Naturae de Linné,
qui, en 1758, marque le départ de la nomenclature binominale, les principales
collections de coquillages appartenaient à des souverains et à de hauts
personnages de la noblesse. Il ne s'était agi pendant longtemps que de
rassemblements hétéroclites de curiosités naturelles, du monde animal et végétal,
dans des cabinets d'histoire naturelle comme celui de John Tradescant (ci-contre),
au service vers 1625 du duc de Buckingham. Ces premières collections ne
comprennent pas encore de coquillages des mers du Sud.
A la suite du voyage de Magellan, qui, le
premier, traversa le Pacifique (novembre 1520 à mars 1521 ), les navigateurs cherchèrent à rallier les Moluques
et les Philippines soit par le détroit de Magellan, soit à partir du Mexique. Or, ces expéditions maritimes, outre
qu'elles n'ont à l'époque aucun objectif scientifique mais uniquement des fins commerciales, ont sillonné le
Pacifique-Nord sans pénétrer les mers du Sud. Il faut attendre le voyage de
Mendana pour que la première île de Polynésie orientale
soit découverte le 21 juillet 1595 lorsqu'il aborde à Magdelena (Fatu Hiva) aux Marquises.
Au tout début du XVIIe siècle, c'est à Queiros et à Schouten que revient le mérite de découvrir les premiers
atolls de l'archipel des Tuamotu, en particulier Anaa en 1606 d'où un célèbre récolteur du nom de Hugh Cuming
allait ramener deux siècles plus tard des milliers de coquillages. Mais les derniers atolls de cet archipel ne sont
découverts qu'en 1826 par Beechey,
comme Fangataufa et Vanavana. Tahiti, et les autres îles du Vent, ne sont découvertes qu'en 1767 par Wallis
qui précède Cook de deux ans et à qui revient la découverte des îles Sous-le-Vent.
C'est avec Bougainville que débutent dans le Pacifique les explorations scientifiques; il séjourne à Tahiti
en 1768. Les îles Gambier ne sont aperçues pour la première fois par des Européens qu'en 1797 par Wilson,
les Australes enfin sont découvertes entre 1769 et 1811.
La première grande expédition scientifique au Nouveau Monde fut financée et organisée en 1799 par le grand
naturaliste allemand Alexander
Von Humboldt. Avec le botaniste Aimé Bonpland, il passa cinq années fructueuses à parcourir les régions
inexplorées du nord de l'Amérique du Sud. En 1826, une autre expédition, conduite par
Alcide d'Orbigny dans le sud de l'Amérique du Sud, pour le compte du Muséum de
Paris, donna lieu à la publication d'un ouvrage considérable sur les Mollusques.
C’est donc dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, conjointement au développement des sciences en Europe, et
motivés par le désir d'élargir les connaissances, que les voyages de Bougainville et de Cook furent sans aucun
doute les premières expéditions pouvant être qualifiées de scientifiques. C'est à partir de cette époque que
les premiers naturalistes embarquent sur les bateaux et que les équipages
rapportent en Europe des coquillages répondant: à une curiosité qui ne fait
qu'augmenter à chaque retour d'expédition. Lorsqu'il n'y a pas de naturaliste à
bord, ce sont les médecins chirurgiens de la marine qui réalisent un magnifique
travail, et plusieurs d'entre eux devinrent d'éminents spécialistes. Quelle fut la moisson de ces toutes premières
expéditions ?
Que sont devenues les collections recueillies ? Quels sont les principaux noms de marins ou naturalistes qui
découvrirent ces coquillages en Polynésie où presque toutes les espèces sont maintenant bien répertoriées ?
Nous tenterons de répondre à ces questions suivant un ordre chronologique.
Textes tirés d’après :
«Kingdom of the seashell par R. Tucker Abbott.
«coquillages de Polynésie» par B. Salvat et C. Rives.
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